méfiance de la population
Comme c’est souvent le cas, ce sont les couches les plus pauvres de la population qui font les frais de cette corruption. Les voies de recours contre les responsables font souvent défaut. Le droit à l’eau potable est certes ancré dans la Constitution, mais la réalité est différente.
En 2019, le gouvernement annonçait fièrement que 93 % de la population avait accès à l’eau potable et 76 % à l’assainissement. Ce qu’il voulait dire par là, c’est que les canalisations publiques sont présentes dans un rayon de 200 mètres autour des foyers. «Cette façon de définir “l’accès” est malhonnête», écrivait la Dre Ferrial Adam, scientifique et militante écologiste, dans une tribune publiée par le Daily Maverick, «car moins de 50 % des Sud-Africains ont de l’eau courante à domicile». Selon des études, les personnes issues des townships ou des zones rurales en particulier doivent recourir à une eau de mauvaise qualité.
Nous rencontrons Ferrial Adam au bord de la rivière Vaal, l’une des principales d’Afrique du Sud, qui alimente en eau quelque 19 millions de personnes. Ferrial a apporté un petit sac isotherme. «Nous voulons apprendre aux gens sur place à tester et à analyser la qualité de l’eau. Ils auront ainsi une base d’argumentation devant les autorités. Car souvent leurs maladies liées à la qualité de l’eau du robinet sont considérées comme des chimères», dit-elle en sortant quelques flacons et éprouvettes. Dans la région du Vaal, un autre symptôme de la crise de l’eau apparaît : la pollution par les eaux usées déversées dans la rivière par des stations d’épuration défectueuses.